Chapter Text
« Cher Severus,
Comment vas-tu ? J'espère que tes travaux se portent bien, maintenant que tu n'es plus obligé de corriger des copies aussi misérables les unes que les autres ; tu peux enfin te consacrer pleinement à tes recherches : quelle bouffée d'air frais ce doit être ! Et je ne dis pas ça parce que l'été est caniculaire et terriblement humide là tu es, ce serait mesquin de ma part. Tu seras ravi de savoir que je t'écris personnellement depuis le Canada et qu'il y fait un temps plus que convenable.
Néanmoins, tu dois te douter que me moquer de toi et de ton incapacité à gérer les brusques hausses de température n'est pas la raison que me motive à t'écrire, surtout avec tout le travail que nous avons en ce moment. Je suis en fait là pour t'annoncer une nouvelle, bonne ou mauvaise à toi d'en juger. Il s'avère que la nuit passée ensemble ne m'a pas apporté qu'un mal de rein diffus le lendemain mais aussi un enfant, le tien.
Oui, je suis bel et bien sûre qu'il s'agit du tien : l'enfant, qui est d'ailleurs un petit garçon, porte nos deux signatures magiques. Tu dois bien te douter que si le petit porte déjà sa propre signature magique c'est qu'il est trop tard pour avorter, le délai m'en ouvrant la possibilité de le faire étant déjà écoulé lorsque je me suis rendue auprès d'un guérisseur. Comprend moi en d'autre circonstance j'aurai foncé dans le premier hôpital du coin mais j'étais en Afrique quand je me suis aperçue de mon état, au Bhoutan, et le temps que je prenne les dispositions nécessaires pour quitter mon poste il était déjà trop tard.
Néanmoins tu dois t'en douter que la perspective d'un enfant ne m'enchante guère, et ce malgré le fait que nos discussions furent en réalité assez courtes : nous avons probablement passé plus de temps à l'horizontale qu'à verticalement communiquer. Je t'avais avouer cette soirée là que le sacrifice d'une vie de famille épanouie n'était rien comparé à la passion qui m'animai lorsque j'officiai en tant que Ranger. Protéger les espèces magiques en détresses m'apporte un sentiment d'accomplissement que je suis sûre de ne retrouver nulle par ailleurs. Il m'est d'ailleurs impossible d'envisager mon travail avec un enfant à charge sur les bras : je passe mon temps à voyager d'un pays à l'autre, ne passant pas plus de deux semaines au même endroit, endroit pouvant même se révéler dangereux en raison de la situation politique de certain d'entre eux.
Tu trouveras sûrement cela stupide, mais l'idée simple de devoir quitter mon poste ne serait-ce que pour accoucher me plonge déjà dans une terrible anxiété, alors que ce ne sont que deux mois d'arrêt seulement. Je ne saurais néanmoins pas dire s'il s'agit de véritable inquiétude ou de délire d'une femme bien trop pleine d'hormone.
Pas d'inquiétude néanmoins, je ne compte pas abandonner l'enfant sur le pas de ta porte avant de m'enfuir : je te laisse bien évidemment le choix. Tu peux choisir d'accepter la garde exclusive de l'enfant, dans ce cas-ci : je te verserais une pension de mille quatre cent livres par mois, ce qui peut sembler énorme, et ça l'est, mais je gagne bien ma vie et je considérerais ça comme un sacrifice de ta part que de prendre la garde complète de l'enfant alors je pense que c'est de bonne guerre. Dans le cas où tu ne pourrais t'occuper de lui, j'ai déjà quelques contacts dans un orphelinat de Londres qui pourrait lui trouver une famille avant même qu'il ne naisse.
Je peux sembler insensible à parler de l'enfant dans mon ventre comme s'il était une portée de chatons indésirable mais en réalité cela me peine profondément. J'aurais aimé que les choses se passent autrement et, égoïstement, j'ai toujours l'espoir que tu acceptes de prendre en charge le petit. C'est sûrement extrêmement mal placé de ma part que de formuler de telle requête mais je n'abandonnerais pas mon travail, ma passion, le centre de mon univers, pour rien au monde : quel qu'en soit les sacrifices.
Si tu souhaites en discuter face à face, je serai de passage à Londres pour une visite de contrôle le week-end du 15 juillet. Si jamais tu désirais assister à la visite elle est à 15h30 dans l'aile ouest, au deuxième étage, de St. Mangouste.
Amicalement tienne,
Dorothy T. Gaunt.
PS : Brûle cette lettre une fois lue. Je viens de jeter un bref coup d’œil à ce que je viens d'écrire et je sens déjà le rouge et les larmes me monter. Je n'ai néanmoins pas le courage de réécrire cette lettre. Sache néanmoins que la Dorothy saine d'esprit qui se cache derrière ce large ventre est terriblement gênée face à cet étalage de sentiment digne d'un Poufsouffle.»
Albus posa la lettre sur le bureau derrière lequel il était assis et son regard sur Severus, ce dernier faisant les cent pas en montrant des signes d'agitation et de nervosité que ses années en tant qu'espion avaient pourtant réussies à estomper. La venue d'un enfant était certes un événement stressant mais Severus semblait particulièrement mal gérer la situation ce qui aurait pu paraître étrange venant de lui : après tout, n'était-il pas la terreur des cachots, le professeur froid et partial qui ne semblait ressentir que du mépris pour ton entourage ? Peut-être mais actuellement il était amusant de voir que le jeune professeur semblait particulièrement angoissé. Albus ne pu s'empêcher de laisser s'entrevoir un sourire amusé. Le directeur se serait armé de son plus beau soupir et d'un « ah, la jeunesse ! » presque nostalgique si la situation n'était pas si grave.
En effet, le pire dans cette situation était que Severus, ancien Mangemort repenti et espion pour le compte de l'Ordre, se retrouvait à être le père de l'un des descendant de Serpentard, suffisamment proche de Voldemort dans son arbre généalogique pour qu'en d'autre circonstance il aurait eu à le côtoyer lors de dîner de familles. En effet, la mère, la jeune Dorothy dont il se souvenait comme une jeune fille très intelligence et dont il n'imaginait pas entendre parler dans ce genre de circonstance, était la descendante de Morfin Gaunt : il s'agissait de son grand-père qui était aussi le frère de Merope, mère de Tom Elvis Jedusor et futur Voldemort.
La situation était donc bel et bien complexe : Severus ne pouvait pas abandonner aussi facilement l'enfant à une autre famille qui ne connaissait pas ses origines : s'il le découvrait, il pourrait avoir dans l'idée de l'abandonner de nouveau et Albus ne laisserait pas un autre mage noir en devenir s'abreuver de haine comme il avait échouer avec Tom. Néanmoins, si Severus acceptait la garde de l'enfant, il serait d'autant plus en danger qu'au retour du Lord, et c'était inévitable : seulement une question de temps, lorsque Severus reprendrait sa tâche en tant qu'espion, l'enfant serait d'autant plus exposé. De plus, il se doutait que de manière plus trivial, Severus voyait se chambouler son petit univers : il allait être père, qu'il en accepte la charge ou non : un petit être allait partagé son patrimoine génétique et une partie de sa signature magique.
Albus croisa les doigts sur son bureau, incarnation même de la sérénité dans l'espoir que son calme contamine Severus qui allait finir par creuser une tranchée dans sa moquette, et probablement par s'y cacher pour échapper aux problèmes qui semblaient lui tomber dessus :
« Que comptes-tu faire ? »
La question arrêta net Severus qui en resta coït, fronçant les sourcils :
«Vous ne comptez pas décider ?
Albus se permit un petit rire :
— Oh non ! Il s'agit de ton fils, de ton choix. Qui suis-je pour prendre ce genre de décision ?
— Et bien, vous êtes Albus Percival Wulfric Brian Dumbledore, annonça Severus en commençant à énoncer les différents titre d'Albus tout en les comptant manuellement sur ses doigts dans un geste clairement ironique, président du Magenmagot, fondateur, président et gardien du secret de l'ordre du phénix, docteur en sorcellerie, enchanteur en chef et grand Manitou suprême de la confédération internationale des sorciers. »
Cette démonstration eu au moins le mérite de désamorcer quelque peu la situation et l'air sembla tout d'un coup plus léger. Néanmoins, cela ne changeait en rien le fait que pour le moment aucune décision n'avait été prise concernant l'enfant à venir, le directeur du donc ramener son interlocuteur sur terre :
— Et bien, malgré tous ces titres je ne peux prendre de décision pour toi, surtout en ce qui concerne ce genre de sujet. Tu es un adulte ne l'oublie pas, surtout qu'il ne s'agit pas d'une question si compliqué que cela. Je veux simplement savoir si tu veux reconnaître cet enfant comme tiens ?
— Je serais un très mauvais père, marmonna Severus en détournant le regard, toute trace de la brève accalmie oubliée.
— Ce n'est pas la réponse que j'attends et tu le sais. Je ne te demande pas ce que tu penses de tes futures capacités de père mais ce que tu veux toi ? Ce que tu désires.
— Avec ma situation je le mettrais en danger, je ne peux pas l'élever.
— Dix points en moins pour Serpentard. »
Albus soupira profondément sous le regard courroucé de son jeune professeur qui n'appréciait manifestement par la pique. Le vieux directeur se retint de plonger son visage dans ses mains. Il avait oublié ce sentiment de frustration qui l'avait accompagnée lorsqu'il n'était que professeur et qu'il voyait les élèves répondre à côté alors que la réflexion derrière le raisonnement énoncé laissait à croire qu'il en connaissait la réponse.
Dumbledore décida de montrer une certaine mansuétude à l'égard de son plus jeune professeur qui semblait lutter contre des démons internes. Mais le dialogue n'avancerait pas s'il ne l'aiguillait un peu plus puisque pour le moment les réponses de Severus n'était rien d'autre que des pirouettes pour éviter de lui répondre. Il attrapa le regard de Severus et poursuivit :
« Si ta difficulté à répondre à ma question est fondée sur le fait que je puisse désapprouver l'abandon de cet enfant, sache que ce n'est pas le cas. Nous prendrons simplement un soin tout particulier quant au choix de la famille qui hébergera ton fils.
Il ajouta enfin avec un sourire amusé :
— Peut-être qu'avec une perruque rousse nous pourrions l'envoyer chez les Wesley ? Avec tous ses enfants je suis certain que Molly ne s’apercevrait pas de suite qu'un nouveau s'est ajouté à sa petite bande. »
Seul un air profondément scandalisé lui répondit tandis qu'Albus levait les yeux au ciel : ce côté dramatique qu'il avait ne se limitait pas à ouvrir des portes largement dans une envolé de cape noir mais dans tous les aspects de sa personnalité. Très honnêtement, le vieil homme rirait encore un long moment de cette fois où il avait surpris Severus se maquiller les yeux pour accentuer son regard au maximum et lui donner ainsi ce regard si particulier. Il s'était toujours fait la réflexion qu'en d'autre circonstance, Severus aurait pu avoir une grande carrière dans le théâtre.
Finalement, Severus s'installa abattu sur un fauteuil en périphérie du bureau. Il se sentait excessivement perdu, et un peu honteux de réagir ainsi : il était un homme adulte et devrait pouvoir réagir calmement face à cette annonce et prendre la décision qui s'imposait ! Il devait refuser la garde de l'enfant, il était un professeur à Poudlard, un emploi à temps plein puisqu'il pouvait être appelé de nuit en cas de problème avec l'un des élèves de sa maison. Plus encore, il était un ancien mangemort et son fils descendait de la ligné Serpentard faisant de lui un proche de Voldemort ce qui à l'avenir pourrait lui porter préjudice, surtout en ce qui concernait les relations avec les quelques mangemorts ayant pu échapper à la justice. Certes d'après ce qu'Albus lui avait expliqué, aucun des fidèles de Voldemort ne connaissaient son identité passée en dehors de sa descendance d'héritier de Serpentard, puisque ce serait là révéler qu'il ne disposait pas d'un sang si pur que ça.
Severus était pragmatique, et il en avait conscience. Il avait eu à prendre des décisions particulièrement difficile par le passé, décision impliquant parfois la vie de dizaine de personne, et d'une en particulier, et avait été capable de les prendre et d'en assumer les conséquences, sauf cette fois-là évidemment. De ce point de vue là, il était certain que le choix le plus logique était de confier l'enfant à une famille d’accueil car même en faisant preuve d'une sensiblerie qui ne lui ressemblait pas : Severus savait qu'une famille aimante et équilibré, composé de deux parents aimants seraient toujours plus que ce que lui, père célibataire sans aucune connaissance sur la manière d'éduquer un enfant malgré son rôle de professeur, pourrait apporter à ce pauvre enfant.
Severus se leva, récupéra la lettre sans qu'Albus ne fasse le moindre geste pour l'en empêcher et se détourna, se dirigeant ainsi vers la sortie, marmonnant un rapide :
« Je dois y réfléchir.
— Je comprend, bonne soirée à toi. »
Mais Severus s'était déjà éclipsé discrètement dans l'escalier en colimaçon.
On le retrouva le soir même dans un pub isolé, celui qu'il avait l'habitude de visiter lorsqu'il fuyait de chez ses parents durant les vacances d'été à partir de ses seize ans. C'était un de ces vieux pubs où la télévision était un son d’ambiance au même titre que les discussions des habitués aux bar ou à des tables stratégiquement situées dans la ligne de mire de la télévision, suffisamment près du comptoir pour pouvoir discuter avec la tenancière mais assez loin des toilettes pour ne pas sentir l'odeur rance qui semblait toujours s'en dégager.
Severus aurait certainement pu trouver mieux, il y allait à l'époque surtout parce que personne n'était très regardant sur son âge et sur le bas prix des alcools, il s'agissait là de piquette au taux d'alcool dépassant certainement les normes prévues par la loi, que l'on trouvait ici, mais il s'y était habitué et s'était lié d'amitié avec celle qui tenait le bar : la vieille Willy.
La tenancière était d'ailleurs en train de lui servir un verre de Whisky, le genre de boisson qu'elle sortait lorsqu'elle le voyait « faire la gueule » comme elle disait, la dernière fois étant le lendemain de la mort de Lily où il s'était enivré jusqu'à la lie, joli expression pour signifie « se bourrer la gueule jusqu'à oublier son propre prénom. » Le goût si particulier de la boisson eu d'ailleurs l'effet de le mettre de plus mauvaise humeur qu'il ne l'était déjà. Il serra d'autant plus son verre : il était pathétique et mettait sur le même plan émotionnel la mort de la femme qu'il avait jamais aimé et la naissance prochaine de son propre fils. Pathétique vraiment.
Il avala son verre cul sec.
La main tenant la bouteille qu'elle n'avait pas eu le temps de ranger le resservit aussitôt tandis que Willy darda son regard fatigué sur lui. Willy n'était pas son véritable prénom mais celui de feu son mari qu'elle portait à présent comme une marque de fierté puisqu'il s'agissait aussi du nom du troquet qu'elle avait maintenue à flot sans aucune expérience autre que celle de femme au foyer. Elle en tirait d'ailleurs une grande fierté. Elle était maintenant cette vieille madone souriante aux cheveux gris et à la peau froissé comme du papier qui faisait se sentir Severus un peu comme « à la maison. »
« Mauvaise nouvelle en perspective mon cœur ?
Il grommela avant d'avaler le second verre aussi vite que le premier.
— Je vais être père.
Willy éclata d'un rire sonore, s'attirant même quelques coups d’œils de la part des habitués qui avait leur regard dardés sur la télévision, en le resservant d'un même mouvement.
— Bah c'est bien fils, pourquoi tu fais la gueule ? P'tit con va.
— Il n'était pas désiré... seigneur, si on m'entendait ? Comme pourrais-je élever un enfant que je considère d'ores et déjà comme un accident avant même d'avoir poser les yeux sur lui ?
Il sembla se recroqueviller presque inconsciemment comme si les nouvelles reçues plus tôt était à poids douloureux à porter.
— C'est tellement complexe comme situation : j’accueille la nouvelle comme une tragédie au lieu de le célébrer : ce que je peux même comprendre ! Merde je n'ai pas ce qu'il faut pour élever un enfant et je risque bien trop souvent ma vie pour lui apporter un foyer alors que si je ne voulais pas de cet enfant je n'aurai qu'à le laisser à d'autre plus apte à élever un enfant mais... je n'arrive juste pas à m'y résoudre.
Il but une nouvelle lampé de whisky, plus courte cette fois-ci.
— Et puis à part les poing dans la gueule de la part de mon père et l'ignorance froide de ma mère je n'ai pas eu de modèle d'éducation suffisant pour pouvoir l’élever cet enfant.
Cette fois-ci, il se contenta de fixer son verre d'un air morne. Le dire à haute voix rendait la chose plus réel ; oui, un enfant porterait son sang et pourrait même porter son nom. Sans qu'il ne sache trop pourquoi, ce moment fut celui où des souvenirs impliquant les Maraudeurs lui jeter au visage qu'aucune fille censée ne voudrait l'avoir entre ses cuisses et d'autre remarque tout aussi maline et fine mais qui eurent le don de l'abattre d'autant plus. Comment avait-il pu trahir Lord Voldemort tout en le regardant dans les yeux sans que rien ne transparaisse mais se trouver désemparé face à la naissance d'une enfant. Ce n'était pas un événement spécial comme s'il s'agissait d'un arrêt de mort, pourquoi était-ce son cas ? Et pourquoi Diable ne pouvait-il pas simplement laisser l'enfant à une famille d'accueil et oublier cette histoire.
Willy attrapa un chiffon sous le comptoir et commença à frotter le bois élimé du bar, son sourire quelque peu édenté s'amenuisant en comprenant la gravité de la situation :
« Tu sais, personne naît pour être père, ou mère pour ce que ça vaut. Regarde moi, j'suis de la rue, j'avais pas de parent juste un frère plus âgé. J'ai pas eu de mère pour m'expliquer ce que c'était que les menstrues, ce que c'était qu'embrasser un garçon ou comment on fait pour être une bonne mère alors qu'on a juste envie de les mettre dans le four pour qu'ils arrêtent de crier juste un instant, un minuscule instant.
Severus leva les yeux de son verre et les tourna vers le regard vert d'eau de la tenancière qui poursuivait :
— Mais putain, ne pas avoir de parents ça m'a pas empêcher de les aimer mes enfants. Alors oui, ils étaient pour la plupart des accidents de parcours, à l'époque on avait pas la chance de pouvoir avorter autrement qu'en faisant appel à l'amie d'une amie qui connaissait un type qui pouvait te mettre en relation avec un autre et faire ça à l'arrière d'une caravane miteuse dans son jardin dans des conditions d'hygiène proche d'un squat miteux. Mais crois moi, on les aime nos enfants. On grandi un peu grâce à eux et ils nous font voir le monde plus beau. Les enfants nous font meilleur que ce qu'on est en vrai »
Une bulle semblait s'être créer autour d'eux : le son de la télévision était lointain et se résumait à un grésillement et les encouragement des habitués de voir leur équipe ainsi gagné perdait toute substance jusqu'à se mêler pour ne devenir qu'une faible rumeur. Même s'il l'avait voulu, tout maître légilimens qu'il était, il n'aurait pas pu détourner le regard de cette madone aux yeux brillants :
« Severus, fils j'en sais rien si t'as ce qu'il faut pour élever un gamin, et je connais pas toute la situation mais-
Elle se coupa et lui prit les mains :
— Rien que le fait que tu te pose cette question, de savoir si tu seras un bon père, prouve que tu t'imagine probablement avec ton gamin dans les bras, que t'es prêt à te remettre en question pour lui et que tu ferais passer son bien-être avant tes envies à toi. T'évoque Tobias et ouais, j'suis d'accord c'était un connard alcoolique mais t'as bien conscience que c'est pas un exemple à prendre, t'es conscient que faire rentrer une morale bancale à coup de poing c'est pas un moyen d’élever un gamin. Toi ce qui tu veux c'est qu'il soit heureux, même sans toi. J'suis qu'une pauvre tenancière d'un bar miteux mais pour moi c'est ça la définition d'un bon père.
Elle ponctua sa diatribe d'une claque derrière la tête de Severus qui le fit revenir à la réalité le faisant ainsi reprendre conscience de son environnement. Elle ajouta avec ce grand sourire qu'il lui connaissait tant :
— Alors prend tes couilles et soit un homme fils et fais de ton gamin un gars moitié aussi bien que toi, ce sera déjà une victoire. »
Severus regarda son verre qu'il mit de côté avant de saisir sa cape d'un geste vif, le regard fier et déterminé et sortit du bar dans une envolé de robe dramatique. Willy le regarda partir, le sourire aux lèvres et ajouta d'une voix forte alors même que la porte se refermait :
« Faudra qu'tu me l'présente ton gamin hein. »
Elle retourna ensuite servir ses habitués le sourire aux lèvres. Elle n'eut même pas le cœur de noter les consommations de Severus sur son ardoise, de toute manière il avait intérêt à lui payer une bonne bouteille qu'il ouvrirait pour la naissance du gamin. Un sourire lui échappa tandis qu'elle rangeait les verres séchés et lavés : il en aurait de la chance le petit, avec un père comme ça il deviendrait quelqu'un d'exceptionnel.
Une fois son service terminé et les clients partis, elle appela sa fille aînée, juste histoire de lui rappeler que sa vieille mère était encore en vie, et puis, elle se sentait étrangement aimante ce soir, allez savoir pourquoi.
Severus, quant à lui, transplana rapidement jusqu'à chez lui et s'installa rapidement face à son propre bureau, attrapant une plume et du papier par la même occasion. Il devait écrire sa réponse à Dorothy à maintenant, profiter ainsi que sa détermination était à son apogée, cette dernière pouvant encore vaciller :
« Dorothy,
Tu m'excuseras mais mon temps est précieux et je vais devoir faire fi de tes quelques remarques préliminaires, un peu inutiles je doit te l'avouer. Il m'est donc possible de te rencontrer le jour de ton rendez-vous chez le guérisseur, idéalement même un peu avant, je n'aimerai pas me rendre ridicule devant lui. En ce qui concerne l'enfant, j'en prendrai l'entière charge à la condition bien sûr que cet enfant porte mon nom et que le choix du prénom me revienne.
Je propose que l'on se rencontre autour d'une table pour discuter des commodités concernant le versement de la pension, par ailleurs pas besoin de proposer une telle somme : je n'ai que faire de tant d'argent et m'occuper de cet enfant est un choix délibéré, non pas un sacrifice, ainsi que d'autre petites choses qu'il me semble indispensable de régler avant d’accueillir cet enfant.
Respectueusement,
Severus Snape. »